Christopher Thompson

Présentation

 

Né au Maroc en 1959, Christopher Thompson passe sa jeunesse et son adolescence en Afrique, en Europe, et aux Etats-Unis, y compris cinq ans dans des écoles françaises en Algérie et en Belgique. Diplômé de Harvard (licence de littérature française) et de Middlebury (maîtrise de français), il enseigne pendant cinq ans au niveau secondaire avant d’aller à New York University, où il obtient une seconde maîtrise, puis un doctorat en Histoire Européenne Contemporaine avec une spécialisation en histoire française. Sa thèse de doctorat sur l’histoire sociale, culturelle, et politique du cyclisme sous la Troisième République est primée (“Outstanding Dissertation Prize”) à N.Y.U. en 1997. Il est depuis onze ans Professeur d’histoire à Ball State University dans l’Indiana, où il dirige le programme de maîtrise en histoire.

Dans ses recherches et ses écrits sur l’histoire sociale et culturelle du cyclisme en France, Christopher Thompson cherche à lier l’histoire du sport à des thèmes importants de l’histoire française contemporaine— à utiliser le sport pour générer des perspectives nouvelles sur les moments et les évolutions clés d’un vingtième siècle français riche en bouleversements. A cet égard, il s’intéresse tout particulièrement aux deux guerres mondiales, à des tensions sociales liées à diverses notions de classe, de genre, et d’identité nationale, ainsi qu’à des débats sur l’hygiène publique—c’est-à-dire, à toute une série d’espoirs et d’angoisses associés à la modernité. Le mérite de son approche originale lui a valu d’obtenir des bourses de recherche prestigieuses des gouvernements français (une Bourse Châteaubriand) et américain (une bourse du National Endowment for the Humanities). Ses articles ont été publiés dans d’importantes revues universitaires allemandes, françaises, et anglo-américaines. Son premier livre, The Tour de France: A Cultural History, paru aux Presses Universitaires de Californie en juin 2006, a déjà suscité une réaction très positive de la critique.

 

Conférences

 

1. “Géants de la Route” ou « dopeurs » ?

L’héroisme contesté des coureurs du Tour de France Depuis le premier Tour de France en 1903, les Français célèbrent le courage et la persévérance exceptionnels des coureurs du Tour face à la souffrance. Ces qualités des “géants de la route” sont censées inspirer leurs compatriotes qui, tout au long du vingtième siècle, sont confrontés à des dangers où la France joue souvent sa survie. Les conditions physiques et psychologiques particulièrement difficiles du Tour, de même que le statut héroique des coureurs, placent ces derniers au coeur des débats français sur les conditions de travail et les rapports entre classes sociales. Durant l’entre-deux-guerres—période ou la vie politique française est particulièrement polarisée—ces débats sont influencés par des images contradictoires des coureurs. Certains commentateurs font l’éloge de ces “ouvriers de la pédale” respectables et disciplinés, qui acceptent sans broncher des conditions de travail difficiles, et dont l’exemple, à condition d’être suivi par la classe ouvrière, permettrait d’améliorer les rapports trop souvent conflictuels entre classes sociales. D’autres commentateurs, au contraire, prennent en pitié ces “forçats de la route”, dont l’exploitation féroce par les organisateurs du Tour et les sponsors rappelle l’exploitation de la classe ouvière dans les usines françaises, et dont la résistance contre des conditions de course inhumaines pourrait inspirer une révolte du prolétariat français contre le capitalisme industriel.

Après la deuxième guerre mondiale, on ne ressuscite que rarement ces discours sur les “ouvriers de la pédale” et “les forçats de la route”. Néanmoins, les coureurs du Tour continuent à figurer en France dans des débats sur les conditions de travail et les droits des travailleurs. Désormais la question principale est centrée sur le dopage des coureurs. Cette pratique date des débuts du cyclisme mais devient, après guerre, beaucoup plus répandue et sophistiquée. Or le dopage représente un défi important à l’image positive des “géants de la route”: un coureur dopé reste-t-il un héros?

2. Chercher la France sur la route du Tour: Géographie, Histoire, Identités

Le Tour de France, plus que toute autre course cycliste—voire toute autre épreuve sportive—est profondément lié à la géographie de la France et aux identités inspirées par le territoire national. Depuis les débuts du Tour à l’aube du vingtième siecle, certains commentateurs ont cherché à exploiter l’itinéraire de la course pour célébrer à la fois la diversité régionale de la France et l’unité nationale qui en résulte et qui demeure, selon eux, insensible aux particularismes locaux. Pour ces commentateurs, la route du Tour représente un pélerinage annuel qui permet aux Français de revivre les moments forts, aussi bien glorieux que pénibles, de l’histoire nationale : le Tour unifie tout un peuple en mettant l’accent sur l’histoire et le territoire qui consituent son patrimoine. D’autres commentateurs, au contraire, ont cherché à exploiter l’itinéraire du Tour pour mettre l’accent sur des moments de division et d’exclusion qui ont marqué l’histoire du pays et rendu problématique l’idée même d’une identité nationale.

Motivés par des fins idéologiques variées et souvent contradictoires, ces utilisations diverses de l’itinéraire du Tour ont donné naissance à des visions multiples de la France et de son histoire. En changeant la route de la course d’année en année, souvent pour marquer une évolution politique ou commémorer un moment historique particulier, les organisateurs du Tour ont facilité l’exploitation symbolique de la course par d’autres. C’est ainsi que l’itinéraire de la course a été exploité aussi bien pour contester que pour fêter l’unité et la solidarité nationales. Cette multiplicité d’interprétations de l’identité française inspirées par l’itinéraire du Tour montre que l’image de la course a toujours été un enjeu symbolique important, mais un enjeu qu’aucun gouvernement, ni movement politique, ni groupe d’intéret n’a jamais su completement maîtriser.

3. Le Tour de France au masculin et au féminin: Le genre et le changement social dans la France du vingtième siècle

La France vit des bouleversements majeurs au vingtième siècle: deux guerres mondiales, une vie politique souvent instable, la perte d’un empire colonial, et de nombreux conflits sociaux—autant de défis pour un peuple dont l’histoire est pourtant riche en crises et en changements brutaux. Nombreux sont les commentateurs au cours de ce siècle particulièrement perturbé qui se penchent sur une autre évolution importante avec angoisse: les femmes françaises obtiennent de nouveaux droits; devant elles s’ouvrent de nouvelles perspectives et des opportunités inédites. Ces gains semblent porter atteinte au rôles traditionnels de l’homme et de la femme, et ainsi à la stabilité sociale—voire même à la survie—de la nation. Confrontés à de tels bouleversements, de nombreux Français se tournent vers leurs plus grands héros sportifs, les coureurs du Tour de France, dont ils s’imaginent qu’ils représentent une vision traditionnelle et eternelle du genre, une vision du genre que ces “nouvelles femmes” destabilisent et dont dépend le salut de la nation.

Depuis les débuts du Tour en 1903, les médias en France représentent les coureurs comme des hommes hyperviriles, qui triomphent d’obstacles immenses grace à leurs qualités d’homme: le courage, la hargne, et l’endurance face à une terrible souffrance. Les femmes font partie des histoires que l’on raconte à propos de ces surhommes, mais elles sont reléguées à des rôles de femmes tout à fait traditionnels: les mères et les épouses des coureurs leur apportent un soutien moral et parfois même matériel durant la course; les spectatrices admirent ces jeunes hommes musclés et braves, qui acceptent un défi prodigieux dont leur propre fragilité “naturelle” de “vraie femme” les exclue. Bien qu’elaborée il y a un siècle, cette vision du genre reste influent encore de nos jours, sans doute parce qu’elle calme l’angoisse suscitée par des femmes de plus en plus émancipées et de plus en plus puissantes—des femmes qui semblent effacer les différences “fondamentales” entre les sexes et qui de ce fait destabilisent la société tout entière.

Malgré la création d’un Tour féminin en 1984, et malgré le fait que la plus grande cycliste de ces vingt-cinq dernières années—voire de tous les temps--est la Française Jeannie Longo, les femmes cyclistes n’ont jamais réussi à intéresser ni le grand public, ni les médias, ni les sponsors—à l’encontre d’autres sports féminins (tels le tennis et le patinage artistique). Cette marginalisation du cyclisme féminin tout au long du siècle dernier laisse à penser que pour les Français les courses cyclistes—le Tour en particulier—ont toujours été, et demeurent, des “affaires d’hommes”. Si tel est le cas, il se peut qu’au début du vingt-et-unième siècle le Tour de France ait encore beaucoup à nous apprendre sur les attitudes des Francais par rapport au genre et au changement social.

 

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