Sebastian Roché
Né en 1961, diplômé de l’Institut d’études politiques de Grenoble, Sebastian Roché est docteur en sciences politiques.
Il est actuellement directeur de recherche au CNRS et responsable du pôle « Sécurité et Cohésion » du CNRS/Pacte. Par ailleurs, il enseigne à l’Ecole Nationale d’Administration et dans les Instituts d’études politiques de Grenoble et de Toulouse, ainsi qu’à l’École Nationale Supérieure de la Police de St Cyr au Mont d’Or (Lyon) et au Collège Interarmées de Défense pour la Gendarmerie (CID, Paris).
Grand spécialiste de la police et des questions de sécurité intérieure, Sebastian Roché assure ou a assuré diverses missions et fonctions pour les pouvoirs publics : il est ainsi membre du conseil d’Administration de l’École Nationale Supérieure de la Police, membre de la commission sur la récidive (Ministère de la Justice), et également expert « violences urbaines » du Centre d’Analyse Stratégique (Premier Ministre) de même qu’expert pour le Conseil de l’Europe (mission Violences Urbaines).
Son expertise l’a également conduit hors des frontières françaises, où il a été invité à effectuer des missions par les gouvernements américain, espagnol, turc, malaisien, ou encore par l’ONU (UNDP).
Il a aussi eu l’occasion d’effectuer à l’étranger de nombreuses interventions dans des universités comme Princeton ou Oxford.
Auteur de nombreux articles et rapports, Sebastian Roché a publié une série d’ouvrages de référence dont Le frisson de l’émeute. Violences Urbaines et banlieues (2006, Paris, Le Seuil), Police de Proximité (2005, Paris, Le Seuil) ou encore Réformer la police et la sécurité. Les nouvelles tendances en Europe et aux Etats Unis (2004, Paris, Odile Jacob).
Sebastian Roché est chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques. Il a été récipiendaire du Prix Habert (décerné par Le Figaro et l’IEP de Paris) en 2006, du Prix Littéraire de la Gendarmerie Nationale (catégorie Oeuvres de réflexion) en 1997 et en 2004 et du Prix Gabriel Tarde, Mention Spéciale du Jury, décerné par l'Association Française de Criminologie en 1993. Il a reçu la Médaille de Bronze du CNRS au titre de l'année 1996.
CONFERENCE
LES EMEUTES DE 2005 DANS LES BANLIEUES FRANCAISES
Sebastian Roché se propose d'expliquer ce phénomène, unique par son ampleur géographique (plus de 300 municipalités sont touchées) et sa durée (trois semaines) ainsi que par l'ampleur des destructions. Cette explication suppose toutefois d'accepter la complexité. Il convient de comprendre quels sont les incidents qui déclenchent la crise, puis comment elle se propage à la France entière (au contraire de ce que la France connaissait depuis 20 ans), et enfin comment elles s'épuisent. Les clés sont le sentiment de colère et d'injustice, la fragmentation de la cohésion sociale, et l'éloignement des institutions.
Il mobilisera dans ce but une dimension liée à la frustration économique et scolaire: les quartiers des villes qui s'embrasent en 2005 appartiennent le plus souvent aux quartiers défavorisés, ceux dans lesquels les taux d'échec à l'école ou les taux de chômage par exemple sont les plus importants, ceux qui cumulent le plus de logements sociaux. Il mobilisera également la dimension ethnique "à la française", les minorités n'ayant pas d'existence légale, les quartiers défavorisés n'étant pas "mono ethniques", les associations communautaires étant peu présentes: les quartiers touchés par les émeutes sont ceux où se concentrent les minorités, qui sont de surcroît très peu représentés au plan politique local ou national. Enfin, les minorités ont des contacts hostiles avec la police (et réciproquement), cet élément étant très important pour le déclenchement d'incidents qui se transforment ensuite en émeutes durables. Le sentiment d'injustice se construit aussi dans les rapports quotidiens concrets avec la police.
Sebastian Roché terminera son exposé sur la gestion de la crise par la police et les autorités: la communication pendant la crise (le fait de dissimuler le rôle des policiers dans la mort des deux enfants au début de la crise), les choix d'utilisation des effectifs de police, le fait que la police soit centralisée (et ignore donc le terrain où elle va intervenir), l'absence d'anticipation de ces phénomènes par les pouvoirs publics centrés sur le terrorisme international sont en effet des éléments permettant d’expliquer ces évènements.
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