Pierre Purseigle

Présentation

 

Né à Béziers en 1975, Pierre Purseigle est Docteur en Histoire. Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, ancien élève de l’Université de Californie à Berkeley et de Pembroke College, Oxford, il fut également Boursier Lavoisier et pensionnaire de la Maison Française d’Oxford. Il est actuellement Senior Research Scholar au Modern European History Research Centre de l’Université d’Oxford.

Fondateur et président de la Société Internationale d’Etude de la Grande Guerre, il a enseigné l’histoire contemporaine de l’Europe à l’Université de Toulouse et à l’Université d’Oxford. Auteur de plusieurs articles, il a en outre dirigé deux ouvrages collectifs : Uncovered Fields. Perspectives in First World War Studies (Boston: 2004) et Warfare and Belligerence (Boston: 2005). Spécialiste de la Première Guerre mondiale, il prépare aujourd’hui un ouvrage consacré aux processus de mobilisation et de démobilisation sociale en France et Grande-Bretagne entre 1914 et 1924.

Pierre Purseigle effectuera cette tournée de conférences, proposée dans le cadre du 90eme anniversaire de l’entrée en guerre des Etats-Unis, à l’occasion de sa visite aux Etats-Unis pour participer au 4ème colloque international de l’International Society for First World War Studies , qui se tiendra à Washington du 18 au 20 octobre 2007.

Fondée à Lyon en 2001, cette Société rassemble plus de deux cents spécialistes de la Première Guerre mondiale en poste en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie.

 

Conférences

 

1. Les Etats-Unis ont-ils gagné la Grande Guerre ? (1917-1923)

« J’attends les chars et les Américains »

La formule de Philippe Pétain dit, en quelques mots, tous les espoirs que soulevait encore en France, en cette année 1917, la possible entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés des puissances de l’Entente. Marquée par les échecs répétés des offensives alliées et de profondes crises morales et politiques, 1917 succédait en effet à trois années tragiques qui, de la plus terrible des manières, avaient initié les sociétés européennes aux réalités de la guerre moderne. Devant l’intransigeance des belligérants et le jusqu’au-boutisme d’une Allemagne décidée à forcer la décision par la guerre sous-marine à outrance, Woodrow Wilson, pourtant réélu en novembre 1916 sur la promesse de tenir son pays à l’écart du conflit, se résigna à engager les Etats-Unis dans la guerre européenne.

Établie, dès le début du XXème siècle, au premier rang des puissances économiques, l’Amérique n’était pourtant pas prête à affronter les exigences de la guerre industrielle. L’abandon d’une neutralité bienveillante à l’égard de l’Entente, au profit de l’engagement militaire direct, ne conduisit pas seulement les Etats-Unis à redéfinir leur rôle au sein du système international. La Première Guerre mondiale constitua en effet le creuset d’une puissance militaire acquise au prix d’une cruelle épreuve. En s’écartant des mémoires et des mythes nationaux, cette conférence rappellera les niveaux et formes multiples de la contribution américaine – à la fois financière, navale, militaire, et culturelle – au succès de l’Entente. Elle soulignera les tensions inhérentes aux relations stratégiques et opérationnelles établies entre les Alliées. Elle s’attardera, enfin, sur le processus heurté d’apprentissage qui permit aux forces américaines d’accompagner la marche de l’Entente vers la Victoire.

2. France – Etats-Unis, 1914-1918. Alliance des nations et rencontre des peuples.

« Lafayette, nous voilà »

Attribués à Pershing, commandant du Corps Expéditionnaire Américain, ces mots prononcés le 4 juillet 1917 par le soldat Charles E. Stanton devant la tombe du Marquis de Lafayette symbolisent la « relation spéciale » dont se prévalaient alors Français et Américains. Pourtant, le regard aujourd’hui porté par les historiens sur la coopération militaire des deux Républiques, comme sur le contact, largement inédit, établi à cette occasion entre leurs populations, révèle une réalité plus complexe que cette conférence s’efforcera de mettre en évidence.

Entravé, à la fois par les impératifs stratégiques définis par Wilson, et par l’intransigeance d’un Pershing farouchement attaché à l’autonomie opérationnelle de ses troupes, le Corps Expéditionnaire Américain fit l’amère expérience d’un conflit où les impératifs politiques prirent trop souvent le pas sur l’efficacité militaire. La Première Guerre mondiale constitua toutefois un moment charnière dans l’histoire des forces armées américaines qui en sortirent meurtries certes, mais victorieuses et renforcées, à bien des égards, par l’épreuve.

Les jeunes Américains qui, eux, débarquèrent dès juin 1917 à Saint-Nazaire, étaient vraisemblablement aussi étrangers au mode d’élaboration de la stratégie alliée qu’au pays dont ils foulaient le sol. Au-delà de leur tragique introduction aux réalités de la guerre moderne, ces derniers se portaient également ainsi à la rencontre d’une Europe mythifiée, et bien souvent réduite aux échos d’un Paris de cabaret. L’expérience de guerre des Doughboys était ainsi faite d’une fascination mêlée d’incompréhension que leur renvoyaient les populations auxquelles ils se mêlaient.

3. Peut-on écrire une histoire européenne de la Première Guerre mondiale ?

Scansion tragique du processus de nationalisation des masses européennes, la Grande Guerre inaugure « l’Age des massacres ». Pour nombre d’historiens, elle plonge le Vieux Continent dans une « guerre civile européenne » dont le second conflit mondial constituerait l’aboutissement logique et le sanglant point d’orgue. Bien avant que les canons ne se taisent sur le front occidental, les historiens ont, sans surprise, entrepris de rendre compte des logiques militaires, politiques, culturelles, économiques ou technologiques de cette guerre d’un genre nouveau. Désormais, près de 90 ans après la cessation des hostilités, les historiens se sont, pour la plupart, défaits de leurs uniformes pour rompre avec les grands récits nationaux et participer d’un mouvement plus vaste de réconciliation des anciens belligérants.

Pourtant, le profond renouvellement de l’historiographie dont témoignent notamment toute une série de travaux parus depuis la fin des années 1970, parait souligner, plus qu’ils ne les écartent, les difficultés et les enjeux inhérents à la construction d’une histoire européenne de la Grande Guerre. Devant les injonctions de la mémoire collective et les exigences du processus de construction d’une union politique européenne, les historiens restent attachés aux approches transnationales et interdisciplinaires qui ont insufflé un souffle nouveau à leur champ d’étude. Cette conférence se propose d’approcher quelques-uns des enjeux intellectuels, culturels, voire politiques que portent les tentatives de construction d’un récit européen de la Grande Guerre, soucieux de rendre justice aux dimensions inédites de l’affrontement comme à la complexité des expériences de guerre

 

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