Yves Michaud


L'Intervenant

Après des études de philosophie et de sciences à l’Ecole Normale Supérieure et à la Sorbonne, Yves Michaud enseigne à partir de 1970 dans diverses universités : à Montpellier, à Rouen, à la Sorbonne. Il occupe aussi plusieurs postes de visiting professor à l’Université de Berkeley, à Tunis, à Sao Paulo, à Edinburgh.

Ses premiers travaux portent sur l’empirisme (il écrit deux livres sur Locke et sur Hume) et la violence politique. Durant la même période, il devient critique d’art en se liant d’amitié à la génération des peintres abstraits des années 1970 (Viallat, Clément, Hantaï), puis avec des peintres américains comme Joan Mitchell, Sam Francis, Jean-Paul Riopelle, Shirley Jaffe. Ce qui le mène à diriger l’Ecole des beaux-arts de Paris de 1989 à 1996. A l’occasion de l’an 2000, il crée l’Université de tous les savoirs (Utls), une université libre qui fait connaître les derniers résultats de la recherche scientifique.

Les travaux de Yves Michaud sont maintenant consacrés à l’évolution des arts et de la culture contemporaine dans un monde globalisé et technologique. Ils portent aussi sur les relations de l’individu et de la société dans ce même contexte, ainsi que sur les phénomènes de violence intérieure aussi bien qu’internationale.

L'Université de tous les savoirs

« C’est l’histoire d’une expérience audacieuse qui s’est transformée en un énorme succès populaire. Créée en 2000, à l’initiative de Jacques Aillagon alors président du Centre Georges-Pompidou, l’Université de tous les savoirs a démocratisé l’accès à la science et à la culture en organisant des séries de conférences gratuites à Paris (1 par jour soit 366 en l’an 2000 !), rediffusées à travers le monde sur des supports écrits (Editions Odile Jacob) et audiovisuels, dont internet. Une initiative qui a permis des rencontres exceptionnelles entre les plus prestigieux chercheurs et intellectuels francophones et un grand public avide de connaissances. » (Barbara Oudiz, journaliste)

Conférences

L’individu contemporain, entre égoïsme et compassion
L'individualisme est en général associé à l'égoïsme du calcul, à ces "eaux glacées du calcul égoïste" dont parlaient Marx et Engels au XIXème siècle dans Le Manifeste du parti communiste. Ou bien on remonte jusqu’à l’individu travailleur et propriétaire de John Locke.
L’individualisme contemporain est plus que jamais chargé d'égoïsme, mais en même temps les valeurs de la bienveillance, de la compassion et de l'amour du prochain sont constamment mises en avant, avec un humanisme débordant d’amour et parfois suspect. On s’interrogera sur cette étrange configuration et ce mélange de l'amour de soi et de l'amour du genre humain qui définit l’individualisme contemporain.

La beauté aujourd’hui
Il est courant d'entendre que l'art de l'âge moderne, spécialement au XXème siècle, aurait renoncé à la beauté.  On ne remarque pas assez, que la beauté hante l'art du XIXème siècle sous des formes artistiques mal reconnues : dans le surréalisme, dans la production photographique, pour ne rien dire de l'obsession de la beauté au cinéma.
Dans le même temps, l'espace social de la culture, de la consommation et du tourisme a pris une importance considérable et est de plus en plus soumis à un processus généralisé d'esthétisation.
Les valeurs esthétiques commandent nos jugements sur des comportements et des phénomènes très nombreux, depuis l'hygiène (la forme physique), l'habillement (la mode), l'environnement (le design) et la beauté corporelle (l'esthétique corporelle, la gymnastique, la chirurgie esthétique) jusqu'aux comportements moraux et politiques sous la forme de la "correction" politique et morale.
Bien plus, l'attitude esthétique tend à devenir une sorte de norme idéale des modes de vie, notamment à travers sa généralisation dans le tourisme. Il se produit ainsi une esthétisation du monde qui est à la fois celle de ses objets, celle de l'environnement (die Umwelt) et celle des individus humains dans leur manière d'être au monde.
Cela ne veut rien dire quant à la beauté réelle des choses et des êtres. C'est seulement qu'une paire de lunettes esthétique a été chaussée sur les nez et qu'on est entré dans un nouveau régime de représentation.

Tourisme , culture et art
Le tourisme est une activité de masse en voie de développement et en cours de globalisation. Il va se développer de manière encore plus spectaculaire. On dit tourisme, comme s'il s'agissait d'une réalité simple et unique - mais la diversité du phénomène est proprement stupéfiante : tourisme de plage, de soleil et de loisir, de sexe, tourisme religieux, tourisme de racines, tourisme culturel, etc. Le tourisme n'a pas tellement reçu d'attention jusqu'ici pour diverses raisons. Il a mauvaise presse. Les touristes, ce sont toujours les autres… S'agissant de la culture, il faut envisager l'impact positif et négatif du tourisme sur les cultures. Le tourisme fait découvrir les cultures mais en même temps il les consomme et les standardise en soumettant les identités culturelles à un commerce.
S'agissant de l'art, il faut analyser le sens de la "touristification" de l'art aujourd'hui, puisque l'art est une attraction touristique, que l'artiste tend à devenir un touriste et que le tourisme devient un thème de l'art. Au croisement de ces trois notions de tourisme, de culture et d'art, nous sommes au cœur de la vie de notre époque.

Le conférencier peut adapter ses conférences au jeune public.

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