Gaston Kelman
Présentation
Gaston Kelman est l’auteur de Je suis noir et je n’aime pas le Manioc, paru en 2003. Dans ce best-seller, Kelman fustige de façon assez provocante et non sans une pointe d’humour les clichés associés à la condition de noir dans notre société. D’après lui, ces a priori sont entretenus par les blancs mais aussi les noirs qui se complaisent parfois dans un statut de victime et sont donc les premiers responsables d’une intégration difficile. Gaston Kelman nie l’existence d’une culture noire ou d’une condition noire. Il dit lui-même « un noir n’est rien d’autre qu’un blanc à la peau foncée ». C’est ainsi que selon lui on peut être noir et ne pas aimer le manioc ou bien « en avoir une toute petite ». Gaston Kelman prône donc ce qu’il appelle un humanisme assimilationniste et se montre sans complaisance à l’encontre de certaines associations ou organisations militant pour l’intégration des populations noires en mettant en avant un droit à la différence. Ses prises de position évidemment controversées provoquent une certaine incompréhension chez de nombreuses personnalités noires ou au sein de son pays d’origine : le Cameroun.
Gaston Kelman est en effet né au Cameroun. Il y entame des études de lettres mais émigre en France où il se marie et entreprend alors des études d’urbanisme car, pense-t-il, son pays a besoin d’urbanistes. Il crée en 1992 une association nommée le CRI (Cercle de Réflexion sur l’Intégration). Il milite dès 1993 pour une intégration contractuelle, convaincu qu’il est indispensable d’aider les immigrants à acquérir un minimum d’éléments -notamment la langue et la connaissance des lois-indispensables à leur bien-être en France. Par la suite, il sera aux côtés de toutes les associations et les structures de la Ville Nouvelle d’Evry qui oeuvrent pour l’intégration (Génération femmes, Santé et Culture, Génération II, Parentalité, Veille éducative, Synergies Citoyennes...).
Son implication au SAN d’Evry (créateur et directeur de l’Observatoire urbain de 1989 à 1999), à l’INSEE (délégué Recensement de 1999), à la mairie de Courcouronnes (responsable d’un équipement implanté sur un quartier social et à forte population immigrée) et à France Terre d’Asile (responsable de l’insertion professionnelle des réfugiés), le met au coeur des problématiques migratoires auxquelles il va s’intéresser, améliorant sans cesse sa connaissance des mécanismes qui ont conduit aux difficultés actuelles et cherchant les moyens d’en sortir. Pour se consacrer entièrement à cette tâche, il crée son cabinet à la fin de l’année 2003, comme consultant en problématiques socioculturelles liées aux migrations d’origine négro-africaines.
Conférences
1. Identités et cultures : les nouvelles frontières
Amin Maalouf disait en substance : «Prenez un individu dans n’importe quelle capitale. Cet individu est plus proche de moi que mon arrière-grand-père». Dans le temps, les groupes se sédimentaient sur un territoire de générations en générations. L’on y naissait, l’on y passait toute sa vie et l’on y mourait. Le même groupe avait la même langue, le même système économique, la même cosmogonie, autant de supports culturels. La culture qui est l’adaptabilité à un espace et à un moment donné (Hic et nunc, ici et maintenant), était transmise par le groupe. Aujourd’hui, les identités sont-elle portées par une origine, une couleur de peau (les Noirs) ? Quelle est désormais la valeur des notions de racines et origines ? Il arrive bien souvent que le père et le fils ne parlent plus la même langue, n’ont plus le même système économique et pas la même religion ? Comment se construisent les identités, de nos jours ? Cette question se pose de plus en plus dans notre monde où les distances physiques sont abolies et les frontières devenues virtuelles. Dans une nouvelle société multicolorielle (multiculturelle ?) comme la France, quelle est la part réelle des origines et des racines dans la constitution des identités ?
2. Pour en finir avec l’alibi racial
Les races sont mortes, mais leur enterrement va durer des siècles. Hier, il y en avait cinq dans nos livres de géographie humaine. Ensuite il y en a eu deux : le Blanc et l’homme de couleur. En effet, la notion de race qui trouve son apogée au XIXème siècle, ne s’est jamais conçue que comme support de justification de l’exploitation de l’homme par l’homme. Hier alibi pour justifier la domination des hommes de couleur par les hommes de race blanche, qu’est-ce qui justifie la pérennisation des races blanche et noire aujourd’hui, alors que les races jaune et rouge ont disparu ? Alibi ou réalité ? Est-ce que la notion de Noir a la même signification selon que l’on est en situation unicolorielle (l’Afrique) ou multicolorielle ? Est-ce que devant le Japonais ou le Français, le Noir des USA est soumis aux mêmes représentations que l’Ethiopien ou le Somalien ? Pourquoi, aujourd’hui, le Noir en général et l’Africain en particulier, s’enferme-t-il dans une communauté colorielle, oubliant qu’il s’applique des définitions obsolètes qui ont été bâties par l’autre contre lui ? Il est intéressant de comprendre quelles réalités se cachent aujourd’hui derrière cet alibi coloriel.
3. La France domino : entre histoire et mémoire
Un jour, après un débat sur l’esclavage et la colonisation dans un lycée, un adolescent blanc de 16 ans, m’a contacté et m’a dit qu’il aurait bien voulu intervenir. Puis il a ajouté : « Je ne l’ai pas fait. Car si je l’avais fait, mes camarades noirs auraient dit : tu ne peux pas comprendre, c’est vous qui nous avez fait ça ». Comment avons-nous pu transmettre la culpabilité et la victimité à nos enfants ? La culpabilité et la victimité seraient-elles héréditaires ? L’histoire appartient-elle infiniment à un groupe ou à un territoire ? Combien de temps la nouvelle société française pourra-t-elle vivre avec des histoires fragmentées, chaque groupe ethnique ou coloriel gérant la sienne, souvent en conflit avec le groupe blanc dominant ou même avec une autre minorité, comme les treize siècles de l’esclavage des Noirs par les Arabes ? Sommes-nous prisonniers de l’histoire ? Devons-nous y chercher un sens à notre destinée ? L’histoire est forcément réductrice. Même en situation de culpabilité héréditaire, aurais-je les moyens de définir parmi les autres qui est héritier de la culpabilité et qui ne l’est pas ? Comment à partir de l’histoire, définir une mémoire partagée par tous les membres d’une même Nation, la Nation étant elle-même une construction volontariste ? Telles sont les questions auxquelles la nouvelle société française, composée de personnes d’origines diverses, doit répondre.
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