Albert Jacquard
Albert Jacquard naît à Lyon en 1925. Après ses études à l'Ecole Polytechnique et à l'Institut des statistiques, il travaille d'abord à la SEITA, puis au Ministère de la santé. Il se tourne ensuite vers une carrière scientifique en allant étudier aux Etats-Unis, à Stanford University, la génétique des populations. A son retour, il devient responsable du service de génétique à l'INED (Institut National d'Etude Démographique), où il restera jusqu’en 1990. Expert en génétique auprès de l'OMS de 1973 à 1985, il a enseigné à l’Université de Paris VI (1978 à 1990) ainsi qu’ à Université de Genève (1973 à 1992) et a été membre du Comité National d’Ethique de 1984 à 1988.
Scientifique de haut niveau, Albert Jacquard est l'auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique ou d'essais dans lesquels il cherche à diffuser une pensée humaniste moderne pour faire évoluer la conscience collective. Souvent assimilé à un "Abbé Pierre laïque", Albert Jacquard participe à tous les combats qu'il estime justes, comme le droit au logement (il est président de l'association du même nom), la justice sociale, la lutte contre le racisme... Pour lui, l'enjeu majeur du XXIème siècle et le véritable moteur du changement sont davantage l'éducation que la finance. C'est au nom des ces idées qu'il parraine la Haute Ecole de Namur (Haute Ecole Albert Jacquard), en Belgique.
Officier de la Légion d’Honneur, commandeur dans l’Ordre du Mérite, récipiendaire de nombreux prix scientifiques et littéraires, Albert Jacquard est Docteur Honoris Causa de plusieurs universités canadiennes et belges.
CONFERENCES
1. CONCEPTS SCIENTIFIQUES ET DEFINITION DE L’HUMAIN
Le vingtième siècle a été parmi les plus riches de révolutions conceptuelles. La plupart des mots que nous utilisons pour décrire le monde qui nous entoure et nous décrire nous-mêmes viennent de changer de sens. Depuis Einstein et la publication des deux Relativités de 1905 et 1915 le temps n’est plus ce qu’il était ; depuis Hubble et sa description de l’expansion de l’univers le cosmos n’est plus considéré comme stable ; depuis Crick et Watson et leur compréhension du rôle de la molécule ADN la vie a perdu son mystère. Après de tels changements notre regard sur nous-mêmes doit être radicalement révisé.Nous devons admettre que nous sommes des « poussières d’étoiles » produites par le cosmos, mais nous avons besoin de nous en différencier. Quelle est notre singularité ? La réponse est peut-être dans notre double définition : nous sommes à la fois des objets sécrétés par les processus naturels, qui nous ont attribué une dotation génétique, et des sujets réalisés par l’aventure des rencontres, qui nous fait participer à l’humanité.
C’est en fonction de cette double définition que nous devons faire des projets tenant compte de la condition aux limites qu’est la finitude de notre planète.
2. FINITUDE DE LA PLANETE
Jusqu’au vingtième siècle les humains ont pu se comporter en admettant implicitement que l’espace qui leur est attribué, la planète Terre, était pratiquement sans limite. L’explosion de leur effectif
- quadruplé entre 1900 et 2000 - et l’accroissement fabuleux des pouvoirs qu’ils sont capables de s’attribuer ont détruit cette illusion. « Le temps du monde fini commence » a pu écrire Paul Valéry en 1945 ; l’humanité entre dans une ère nouvelle marquée par la finitude : toute solution aux problèmes que nous rencontrons doit désormais tenir compte des conditions aux limites.
Il est inutile de s’en désoler ; au contraire cette constatation peut avoir un effet dynamisant en nous contraignant à explorer des voies nouvelles pour satisfaire notre recherche d’un « plus ». La croissance de la consommation ne peut qu’apporter un bienfait immédiat et provoquer, comme une drogue, des effets catastrophiques à long terme ( une croissance de 3% par an entraîne une multiplication par 20 en un siècle). C’est donc dans le développement des activités qui laissent intactes les ressources naturelles qu’il faut chercher un avenir digne de notre potentiel.
3. POUVOIR ET ETHIQUE
Les pouvoirs que nous, les humains, nous donnons à nous-mêmes viennent de croître de plusieurs ordres de grandeur. Cela est vrai dans les domaines où nous nous acoquinons avec la mort : il fallait à Verdun tirer plusieurs dizaines d’obus pour parvenir à tuer un soldat ennemi ; trente années plus tard une seule bombe a tué plus de cent mille personnes ; aujourd’hui tout est prêt pour en tuer d’un coup plus d’un milliard. Cela est vrai aussi dans les domaines où nous nous associons à la vie : nous avons gagné la guerre contre le virus de la variole, la mortalité infantile a été presque annulée, mais nous pouvons aussi manipuler des embryons et sans doute un jour réaliser le clonage humain.
Ces succès techniques sont ils des avancées humaines ? La réponse n’est plus aussi évidente qu’à l’époque où le philosophe Francis Bacon admettait que le but de la science était de réaliser tout ce qui est possible ; il nous faut au contraire entendre la réaction d’Einstein le soir d’Hiroshima : « Il y a des choses qu’il vaudrait mieux ne pas faire ». Mais qui va en décider ? Nous ne sommes plus au Moyen Age ; les princes pouvaient alors demander aux autorités religieuses si l’usage de l’arbalète était moralement acceptable. Il nous faut assumer collectivement la responsabilité de nos actes. Apparaît ainsi la nécessité d’une nouvelle forme de démocratie dont l’objet sera non plus la gestion mais l’éthique.
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