Jacques Géraud

L'Intervenant

Jacques Géraud est né dans le Lot-et-Garonne. Il a été élève de khâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris puis reçu à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud. Agrégé de lettres modernes, il a enseigné jusqu’en 2007 à l’Université de Sfax (Tunisie) et à Saint-Germain-en-Laye.

Il a publié des livres de fiction – romans, nouvelles, contes -  aux éditions P.O.L et aux Presses Universitaires de France (PUF) et des textes littéraires et articles de critique dans de nombreuses revues. Il a préfacé La philosophie dans le boudoir de Sade (éditions P.O.L).

Deux de ses livres sont des cycles de brèves fictions, comiques et fantastiques, à partir de Proust : Proustites (éditions P.O.L), qui a été porté au théâtre par le comédien et metteur en scène Xavier Brière, ancien élève du TNS de Strasbourg, et joué à Paris, Avignon et au French Institute/Alliance Française de New-York (1997) ;  et Petits proustillants, (éditions PUF), qui délocalise le héros proustien et l’installe dans notre XXIème siècle, pour lui faire vivre de nouvelles aventures, alphabétiquement disposées, d’Adidas à Zappinge.

Conférence

A la recherche d’A la recherche du temps perdu
A la recherche du temps perdu est le plus grand monument classé - en partie classé X -, ou plutôt inclassable, de la littérature française. Si c’était un légume, ce serait un chou-fleur, objet fractal, où la partie reproduit le tout. Si c’était un tableau,  Les noces de Cana de Véronèse, 132 personnages, dont le Christ, alias Proust. Si c’était un mot français, « anticonstitutionnellement »,  le plus long, comme son livre, comme sa phrase, étendue sur son lit de Procuste par celui dont le patronyme est si bref, et si court son souffle d’asthmatique.
Tout grand écrivain croise en lui deux généalogies, et procède de leur accouplement : d’abord la généalogie selon la chair, papa et maman, pour Proust surtout Maman, superlative mère-juive … : elle aura à mourir en 1905. « Nous tuons nos mères », dit-il, croisant Œdipe et Oreste. Côté paternel, notre fils-à-maman homosexuel honteux, refoulant le père réel, libère la place du Père. C’est ainsi que le christique corps douloureux de Proust engendrera le corps glorieux de l’œuvre.
Cette œuvre ira du quasi-échec initial à la gloire mondiale. Le « Juif sodomite » excommunié par le bon catholique Claudel ; l’auteur qui, selon Sartre « s’est choisi bourgeois, s’est fait l’allié de la morale bourgeoise » (sic), aura tellement ébloui Virginia Woolf lectrice qu’il désespèrera Virginia Woolf écrivain : « Ma seule grande aventure, c’est Proust ». Après lui, que reste-t-il  donc à écrire ?
Proust comme héritier du XIXème siècle et mutant du XXème. Jacques Géraud évoquera aussi le caractère ambigu de la relation de Proust aux femmes, de sa mère à sa grand-mère. Il montrera les liens évidents ou plus subtils entre la vie de Proust et l'écriture de l'oeuvre. 

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