Serge Bokobza

Après des études à l'Université de Paris X Nanterre, Serge Bokobza enseigne le français à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign puis à  l'Université d'Alabama à Birmingham.  Spécialiste de littérature française des XIXème et XXème siècles, il axe sa réflexion sur les rapports l’entre littérature et idéologie, la titrologie et le thème de la trahison.  A l'Université d'Alabama à Birmingham, Bokobza enseigne aussi des cours de littérature "francophone" (Suisse et Afrique du Nord), ainsi que l’histoire du cinéma.

En 1997, il reçoit les Palmes Académiques et en 2000 le  Prix d'Excellence de l’American  Association of Teachers of French.  Bokobza est l’auteur d’un ouvrage sur Stendhal, Variations sur le titre “Le Rouge et le Noir” (Genève, Droz, 1986) et d'articles sur Stendhal, La Fayette, Paul Nizan et Stanley Kubrick.  Il travaille en ce moment à un documentaire sur Léon Blum composé d'interviews d'historiens et d'hommes politiques français de Fabius à Toubon.

Après une carrière universitaire aux Etats-Unis, Serge Bokobza ne pouvait pas ne pas s'intéresser aussi à ce qu'on appelle l'histoire culturelle et notamment aux similitudes et différences entre la France et les Etats-Unis pourtant toutes les deux filles du XVIIIème siècle.  Son prochain article en anglais, "Liberty Versus Equality: the Marquis de la Fayette and France" va paraître dans The French Review en octobre 2009.

Conférences

Liberté contre égalité: La Fayette, Nicolas Sarkozy et la France 
Si les Américains vouent une reconnaissance éternelle au  marquis de La Fayette, le jeune aristocrate français n'a jamais bénéficié en France de la  même admiration ni de la même notoriété qu'aux Etats-Unis. La majorité des Français s'intéresse davantage au comportement de La Fayette pendant la Révolution Française et considère plutôt avec suspicion son engouement qualifié d'américain pour la liberté.  La Révolution Française a duré presque 100 ans (1789-1875) avant de réussir à mettre en place un régime républicain stable  basé sur le  modèle plus ou moins cohérent d'une société égalitariste qui perdure encore aujourd'hui : une République Française où l'égalité est l'unique  point de convergence de toutes les sensibilités.  Le discrédit de La Fayette dans l'opinion française est dû entre autres à cet amour de la France pour l'égalité.  
Et, depuis la Révolution, la gauche comme la droite se sont detournées de l'héritage de La Fayette, l'ont minimisé ou tout simplement ignoré.  S'il était très improbable que cela change, du moins l'élection du nouveau président de la République a peut-être changé la donne.  Depuis la Grande Révolution, et jusqu'à l'arrivée de Nicolas Sarkozy en politique répétant inlassablement la même phrase: "je n'aime pas l'égalité," aucun personnage politique important en France n'aurait jamais osé prononcer les paroles  attribuées au Sénateur John Randolph of Roanoke: "j'aime la liberté, je hais l'égalité."  Toujours dans l'esprit de cette tension irréductible entre la liberté à l'américaine, et l'égalité à la  française, il est tout à fait pertinent de noter que Nicolas Sarkozy est le second Français, La Fayette étant le premier, à avoir été surnommé "l'Américain."  Et tous les deux ont répondu de la même manière à ce surnom...

La Fayette face au jugement des intellectuels Français 
Pour les Américains le marquis de La Fayette est un aristocrate français encore adolescent, qui a affrété un navire avec ses propres deniers pour rejoindre la cause de la Révolution Américaine et devenir ainsi presque le fils adoptif de George Washington.  Même si cette action a justement influencé et pour toujours son comportement, les Américains ignorent souvent ce que fut le reste de la longue vie de La Fayette, principalement son rôle pendant la Révolution Française et celle de Juillet 1830.  Et si La Fayette continue aujourd'hui de bénéficier de la reconnaissance de l'Amérique, il est devenu avec le temps, et pour beaucoup et des deux côtés de l’atlantique, la figure emblématique de l’amitié et des liens franco-américains.  Pourtant quelle est réellement l’opinion de la France sur le “héros des deux mondes ?" 
Les Français pour la plupart se penchent sur la deuxième partie de la longue vie de La Fayette et regardent avec méfiance ses activités politiques pendant la Révolution française ainsi que sa passion qualifiée de béate pour l’Amérique.  En fait, et au grand étonnement des historiens américains, la polémique sur la place de La Fayette dans l’histoire de France continue aujourd’hui de plus belle avec le récent débat sur la question du  transfert de sa sépulture au Panthéon.  Du romancier Stendhal à Chateaubriand, du cinéaste  Jean-Luc Godard  à Jean Dreville, de Michelet, historien du XIXème siècle au "révisionniste" François Furet, et au réactionnaire Jean Tulard, de l’historien contemporain Etienne Taillemite au journaliste “pipole” Gonzague St. Brice, cette conférence décrit et analyse le jugement et l’opinion des Français d’hier et d’aujourd’hui pour l'homme que les Français ont également surnommé “le Grand Citoyen.”

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