Cher inventeur,

J’ai le plaisir de vous annoncer que notre société est prête à distribuer le jouet de votre invention (le « Megatron à particules ») dans 30 de ses 140 grandes surfaces si vous acceptez de changer le nom du jouet, qu’une étude de marketing auprès de jeunes enfants a révélé comme étant peu attrayant. Nous pensons utiliser le mot « Technotron à particules », beaucoup plus adapté et séduisant.

Si vous pouvez vous-même assurer la production du jouet, notre société vous reversera 3% de ses bénéfices par unité vendue. Nous recommanderons à nos distributeurs qu’ils appliquent un prix de vente de 3 € par unité pendant une période promotionnelle allant du 1er au 25 février, puis de 4 € ensuite, si les ventes sont satisfaisantes. Vous commencerez à obtenir un pourcentage sur les ventes après 30 000 unités vendues.

Je suis donc ravi de pouvoir signer un contrat en ces termes avec vous, et j’attends avec impatience votre réponse.

Cordialement,

Roger Charque

Les défis de la communication

Les progrès et la disponibilité accrue des technologies dites de l’information et de la communication, en dépit des avantages évidents qu’ils présentent, constituent paradoxalement un défi pour l’entente entre les peuples et les cultures : en septembre 2005, la publication de caricatures dans un journal danois provoque des manifestations pacifiques ou violentes partout dans le monde ; elle aurait tout aussi bien pu déclencher une crise diplomatique internationale.

Capables de communiquer plus et plus vite, dotées des moyens de diffuser une information dans le monde entier en quelques secondes, les sociétés actuelles se heurtent à des difficultés qui ne sont en rien le fait des limites physiques et techniques de la communication, mais doivent tout à la diversité des cultures, aux différences de points de vue qui s’affrontent, aux désaccords qui s’expriment plus vite, sans contrôle, sans limite. Le paradoxe pourrait ainsi être résumé par la formule : plus on se parle, plus nos différences sont susceptibles d’éclater au grand jour et de dégénérer en conflit.

On pensait pourtant que l’ignorance et l’incompréhension étaient à l’origine de tous nos maux.

Les outils du dialogue étant disponibles, un mode d’emploi reste à trouver pour parvenir à un dialogue des cultures qui soit pacifique et constructif. La communication reste un défi majeur – et urgent – pour les penseurs, les journalistes, les hommes d’Etat, et chacun d’entre nous. Du progrès de cette réflexion dépendent le respect et la pratique de la diversité culturelle, l’accomplissement d’une harmonie ou d’un équilibre dans l’espace mondialisé. Car le respect de la diversité culturelle ne peut se confondre avec une simple tolérance de la culture d’autrui, laquelle tolérance ne se distinguerait plus d’une indifférence polie, muette, au mieux garante d’une paix fragile et transitoire. Lancées au contraire dans les pratiques concrètes de l’échange, du dialogue et de l’information mutuelle, les cultures trouveront-elles le moyen de communiquer sans s’affronter ?

(PS – DGAF USA)