Loïc DEPECKER

 

 

PRESENTATION

Loïc Depecker est né le 20 mars 1954 dans le nord de la France. Il a été formé à l’École normale supérieure de la rue d'Ulm (1976-1982) où il travaille sur la grammaire comparée des langues anciennes. Il passe l'agrégation de grammaire et soutient sa première thèse à l'Université de Paris VII (1994) en linguistique théorique et formelle (primée par le Prix Pierre Larousse 1995). Sa deuxième thèse, qu'il passe à l'Université de la Sorbonne nouvelle (2000), porte sur les questions d'histoire des vocabulaires et sur l'aménagement des langues (prix du ministère de l'économie et des finances-APFA 2002). Ses deux thèses sont inspirées par son expérience au service de terminologie qu'il dirigeait au sein des services du Premier ministre puis au ministère de la culture (1984-1996). Il est aujourd'hui professeur de linguistique et de terminologie à l'Université de Paris Sorbonne, où il détient la chaire de terminologie. Il est le président fondateur de la Société française de terminologie (1999) et exerce plusieurs responsabilités internationales, notamment au sein de l'ISO et de l'Union latine. Fait chevalier des arts et lettres (2002), il est aussi lauréat du prix de poésie de la RATP 1998. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages et de plus d’une centaine d’articles portant sur les questions de vocabulaire scientifique et technique.

CONFERENCES


1. LE FRANÇAIS, LANGUE MULTIPLE

Le français apparaît à travers les dictionnaires comme une langue homogène. C'est l'idée que nous en avons à partir de notre usage et de l'utilisation des dictionnaires. Il est en fait extrêmement divers. Cette diversité est le fait de :
- la dispersion géographique: le français parlé dans la francophonie en témoigne. Il est intéressant de relever dans les pays où la français est une langue parlée dans la rue les variantes propres à tel pays et à l'intérieur de ces pays. En témoignent également les parlers des régions de France. Nous avons tendance à croire que la France est une et homogène. D'un bout à l'autre de la France cependant les accents, les mots, les expressions, les mentalités changent : on peut le constater facilement aujourd'hui, le train à grande vitesse, pouvant nous amener en 3 heures du nord au sud. Il y a de plus des continuités géographiques qui traversent les frontières (par exemple entre le nord de la France et la Belgique).
- la différence de niveaux de langue : selon le niveau de langue choisi, le niveau social, la tranche d'âge, les mots et les tournures varient.
- la divergence de vision selon que l'on a affaire à la langue de tous les jours et à la langue scientifique et technique. Et dans cette dernière, selon que l'on a affaire à des niveaux de compétence différents (ex : médecin généraliste, médecin spécialiste, etc.).
Se profilent ainsi le visage surprenant non pas "du" français, mais "des" langues françaises. Comment définir à partir de là la notion de francophonie ? Qu'en dit l'Académie française ?


2. EVOLUTION DU FRANÇAIS ET DE L’ANGLAIS AU XXème SIECLE : UNE PROXIMITE ETONNANTE

La langue française a évolué de façon étonnante au XXème siècle. Elle a eu à faire face, durant cette période, à la nécessité de trouver des équivalents à des dizaines de milliers de termes techniques et scientifiques, venus principalement des États-Unis. La passion pour la langue anglaise vient de loin en France : beaucoup de termes de la révolution française (1789) viennent de l'anglais, car les révolutionnaires se sont en partie inspirés des structures politiques de l'Angleterre. Les deux conflits mondiaux (1914-1918) et 1939-1945) ont accentué la présence de l'anglais en France. La langue française s'est trouvée dans la nécessité de désigner les réalités techniques modernes, dont beaucoup sont venues des États-Unis.
Il s'agit de montrer de façon concrète l'anglicisation progressive du français au XXème siècle et les processus de francisation progressive, soit dans les usages, soit par volonté des États francophones. Cela principalement en France : des termes devenus courants aujourd'hui (logiciel, baladeur, etc.) ont fait l'objet de mesures gouvernementales en France et dans certains États francophones. Comment ces termes ont-ils été créés, ont-ils pris, sont-ils aujourd'hui dans l'usage, etc. ? Comment les populations ressentent-elles cet interventionnisme linguistique ? Faut-il définir à partir de là un "néofrançais", qui s'efforce de prendre à sa tradition mais qui se renouvelle rapidement sous la poussée de l'angloaméricain ?