François ROCHE

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PRESENTATION


François ROCHE est né en 1949. Il fait ses études supérieures à Nancy, puis à la Sorbonne. Il obtient l’agrégation de lettres classiques en 1971. Après quelques années d’enseignement dans un lycée de Bourgogne, il oriente sa carrière vers l’action culturelle. En 1978 il prend la direction de la scène nationale du Creusot. En 1981, il part pour Tokyo, diriger l’Institut franco-japonais. A partir de cette date, il se spécialisera dans les relations culturelles extérieures. A deux reprises, il a exercé des responsabilités à la direction générale des relations culturelles du Ministère des Affaires étrangères (84-87 et 94-97) avant de repartir à l’étranger, à Florence (1998-2001). Depuis, il est chargé d’une mission de mise en place d’un programme culturel européen. Parallèlement, depuis 1986, il enseigne dans diverses universités (Paris X Nanterre puis Lyon II et Paris 8 ) les relations culturelles internationales. En tant que professeur associé de science politique, il dirige un diplôme en “ droit des relations et des échanges culturels internationaux ” à l’Institut d’Etudes politiques de Lyon. Il est l’auteur de nombreux articles et de quelques ouvrages, parmi lesquels Histoires de diplomatie culturelle (1995), La crise des institutions nationales d’échanges culturels en Europe (1998) et la Culture dans les relations culturelles internationales (2003).

CONFERENCES


1. LA DIPLOMATIE CULTURELLE :
ENCORE UNE « EXCEPTION » FRANCAISE ?

Dans son livre sur l'Exception culturelle, Jacques Rigaud assignait à la diplomatie une part importante de l’intervention publique française dans le champ culturel. Sur le plan historique, la France a construit une bonne part de ses relations extérieures sur sa langue et sa culture. Cette exception française a connu des temps forts à la suite des grands conflits européens et mondiaux, notamment après la seconde guerre mondiale quand le général de Gaulle voulut redonner à son pays ce qu’il appelait “ son rang ” sur la scène internationale. Ces “ fondamentaux ” historiques constituent aujourd’hui encore un des trois piliers de sa diplomatie. Mais, à y regarder de plus près, malgré la singularité de sa posture, la France n’est pas seule à déployer une action publique dans le domaine des relations culturelles internationales. L’Europe des nations (notamment grâce à la Grande Bretagne et à l’Allemagne) a constitué un incontestable creuset d’un modèle d’action qui, à des degrés divers, a été imité par de nombreux pays extra européens. Même l’actualité géopolitique récente, notamment le retour de la démocratie dans les pays d’Europe centrale et orientale, a vu la diplomatie culturelle et ses méthodes se revivifier. Toutefois le développement de la coopération multilatérale et les actions conduites par d’autres acteurs (collectivités locales, société civile etc...) obligent l’état français (comme les autres états) à trouver de nouvelles formes d’action qui relèvent sans doute plus de la coopération que de la diplomatie au sens strict du terme.


2. LE RAYONNEMENT CULTUREL :
UN CONCEPT TYPIQUEMENT FRANÇAIS ?

Expression difficile à traduire dans d’autres langues, “ le rayonnement culturel ” appartient au vocabulaire politique français du XXème siècle. Une analyse de son emploi dans divers supports, tel le journal “ Le Monde ”, montre qu’elle est utilisée très naturellement par la classe politique, tous partis confondus. Que révèle donc ce consensus, à la fois du sentiment des Français sur la place de leur pays dans le monde, du rôle qu’ils veulent lui voir jouer et des chances qu’ont les intellectuels et les artistes français d’être appréciés au-delà des limites de l’hexagone ? Il faut sans doute remonter à l’ancien Régime (la monarchie absolue, et, paradoxalement les Lumières, non contradictoires dans ce cas) pour trouver les premières traces des représentations du “ rayonnement ”. Reste à savoir si ce concept et ces représentations demeurent à usage interne et si, exportés, ils ne risquent pas de heurter ceux qui, à l’heure de la coopération internationale, sont prêts à dénoncer une vision de l’échange culturel perçue, à tort sans doute, comme étant “ à sens unique ”.


3. FONDAMENTAUX HISTORIQUES DE LA DIPLOMATIE CULTURELLE FRANCAISE

Pour mieux comprendre la singularité de la diplomatie française, dont l’action culturelle constitue un très important pilier, il faut se tourner vers l’histoire, notamment celle du XIXème et du XXème siècle, qui contribue à éclairer la conduite actuelle des relations extérieures de la France. Plusieurs dimensions fondamentales semblent aujourd’hui encore pertinentes.
1. d’abord la politique en faveur de la langue française, dont on sait combien elle dépasse largement le simple aspect linguistique. Il est intéressant d’analyser en quoi la francophonie est –plus ou moins- l’héritière d’un messianisme (pour reprendre les termes d’Albert Salon) qui lie étroitement la culture à la langue.
2. ensuite la conviction que le “ rayonnement culturel ” est une affaire d’Etat. Sur ce point il conviendra de relativiser la vision habituelle d’une très ancienne volonté dirigiste : la part heureusement laissée à la société civile (ne serait-ce que dans le cas du réseau de l’Alliance française) montre que la conduite des relations culturelles extérieures est assez largement consensuelle.
3. L’idée enfin, qui se matérialise par une pléiade d’institutions, que les échanges culturels doivent être conduits par des “ établissements ” présents sur le sol étranger, qui constituent les fers de lance de la coopération. Ceux-ci restent très liés aux réseaux diplomatiques, et moins aux réseaux économiques, sociaux et professionnels qui se sont tissés dans un contexte général de facilitation des échanges.
A l’heure d’Internet et de la diffusion de masse assurée par les industries de l’éducation et de la culture, la question récurrente est bien celle de la place de ces fondamentaux dans une politique moderne de coopération internationale.